L’écosystème de la mobilité solidaire
À la croisée de nombreux domaines, la mobilité solidaire concerne un large écosystème. Tous les acteurs ne sont pas amenés à jouer le même rôle. En revanche, repérer sur son territoire les interlocuteurs à consulter, voire à associer, est un préalable indispensable à la mise en place d’un service de mobilité solidaire. Tour d’horizon des grandes familles de parties prenantes qui pourront vous soutenir dans la réalisation de vos projets. À vous de les associer !
Les politiques publiques
Interlocuteurs essentiels pour concevoir et piloter ou co-piloter vos projets. L’enjeu est de les mobiliser pour travailler de façon globale la question de la mobilité solidaire. Ils peuvent également être sollicités pour contribuer au financement de vos projets.
– la Région et le Département, sur leurs compétences mobilité, insertion ou économie, aménagement, environnement,
– l’État : les Directions régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL), les Directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRRECTE), les Directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS), etc.
– Pôle Emploi et l’ensemble du service public de l’emploi.
Les transports, la mobilité
– Les acteurs publics qui assurent l’organisation de la mobilité : les collectivités autorités organisatrices de la mobilité (AOM), c’est-à-dire au niveau local, les intercommunalités : communauté de communes, communauté d’agglomération, communauté urbaine, métropole ainsi que les syndicats mixtes qui se sont vus transférer la compétence (pôle d’équilibre territorial et rural, syndicat mixte de transport), ainsi que la région, AOM régionale.
– Les opérateurs de services de transport et de mobilité, qui mettent en place et exploitent des services généralement pour les collectivités.
– Les opérateurs de services de mobilité solidaire qui œuvrent sur les territoires et qui mettent en place des services spécifiques comme les garages et auto-écoles solidaires, plateformes de mobilité et leur offre de conseil. Ce sont des parties prenantes incontournables.
– Les acteurs de l’innovation : les startups locales qui investissent le champ de la mobilité.
L'action sociale et l'insertion professionnelle
En lien quotidien avec les personnes en difficulté de mobilité. Ce sont de précieux interlocuteurs.
Les acteurs de l’insertion, de la jeunesse, du vieillissement, du handicap, de l’intégration. Quelques exemples : les conseillers insertion, les référents Revenu de Solidarité Active ou Aide Sociale à l’Enfance du Conseil départemental, Pôle emploi mais aussi les Maisons de l’emploi et Missions locales, le centre communal d’action sociale (CCAS), le centre local d’information et de coordination (CLIC), sans oublier les associations travaillant auprès des personnes âgées, de service à la personnes, de réfugiés, etc.
La société civile et les habitants
– La société civile joue un rôle déterminant en matière de mobilité solidaire. Représentants associatifs, conseils de quartier ou encore collectifs citoyens s’organisent pour imaginer et mettre en œuvre des solutions face aux besoins de mobilité de leurs concitoyens. Ils sont la pierre angulaire de tout projet de mobilité solidaire et doivent être fortement associés à la réflexion voire à l’action.
– Les habitants sont également à impliquer : la participation aux politiques d’aménagement est désormais un attendu incontournable, et leur expertise d’usage est indispensable lorsqu’il s’agit de connaître en détail les besoins et d’imaginer les solutions.
Le monde économique
Interlocuteurs clés pour réfléchir aux besoins et aux solutions favorisant la mobilité solidaire. Ils peuvent aussi être de bons relais pour faire connaître les solutions existantes et informer leurs collaborateurs.
Que ce soit les grandes entreprises, les PME ou TPI, les groupements d’employeurs, les Syndicats, les OPCO, les organismes de formation, les chambres consulaires, sans oublier les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS), ils ont une connaissance des besoins et ont peut-être déjà mis en place des solutions. De la même façon, les acteurs qui les accompagnent – Pôle emploi, Maisons de l’emploi, Missions locales – ont a minima des données importantes, et mènent certainement des actions.

Tout l’enjeu réside dans notre capacité à contribuer au développement de nouvelles solutions de mobilité solidaire, à parfaire l’implantation des opérateurs et à sécuriser l’accès des plus vulnérables.
Jean Bassères
Directeur général de Pôle emploi
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En quoi la mobilité solidaire concerne-t-elle, aussi, Pôle Emploi ?
Si l’insertion professionnelle des demandeurs d’emploi est évidemment fonction de leurs niveaux de compétences et de qualifications, elle dépend également de leur capacité à se déplacer : pour participer à un entretien d’embauche, suivre une formation ou occuper un emploi, c’est bien la question de l’accessibilité à l’opportunité professionnelle qui se pose.
Alors que 86 % des Français estiment que les problèmes de mobilité quotidienne sont un frein à l’emploi, 1 individu sur 5 a dû décliner une opportunité d’emploi ou de formation, faute de pouvoir s’y rendre. Les jeunes, les personnes ne disposant pas du permis de conduire et celles aux ressources financières limitées constituent des publics particulièrement vulnérables.
Apporter des solutions aux problématiques de mobilité de nos demandeurs d’emploi devient – de fait – un champ d’intervention prioritaire pour Pôle emploi.
Comment Pôle Emploi agit-il pour apporter des solutions aux besoins de mobilité des demandeurs d’emploi ?
Pôle emploi agit depuis plusieurs années pour abaisser le frein à l’insertion professionnelle que peut représenter la mobilité ; et ce, en actionnant deux leviers complémentaires.
Le premier est d’ordre financier, avec les aides à la mobilité que nos conseillers attribuent aux demandeurs d’emploi qui en ont besoin. Accordées sous condition de ressources, ces aides permettent de fournir un appui aux publics qui – dans le cadre d’une reprise d’emploi, d’une formation ou d’un entretien d’embauche – ont besoin de se déplacer. En 2019, ce sont plus de 160 000 aides de ce type qui ont été mobilisées, pour sécuriser les parcours des demandeurs d’emploi.
Notre second levier est d’ordre partenarial : les multiples coopérations que nous avons engagées avec des acteurs majeurs de la mobilité géographique – comme Renault, Wimoov ou encore les structures adhérentes du réseau Mob’In – permettent aux demandeurs d’emploi de disposer de solutions complémentaires pour répondre à leurs besoins spécifiques. Réparation solidaire, mises à disposition de véhicules temporaires, accompagnement dans la prise en main des infrastructures de transport… Autant de services qui viennent enrichir la palette de solutions proposées aux demandeurs d’emploi.
Quelles sont les perspectives, demain ? En quoi la loi d’orientation des mobilités peut-elle vous aider dans cette dynamique ?
La mobilité se jouant à l’échelle des territoires, les réponses apportées doivent nécessairement être conçues en local, pour répondre au mieux aux problématiques posées, et gagner en efficacité. En lien avec les garages associatifs, les auto-écoles sociales et les plateformes de mobilité, le réseau territorial de Pôle emploi s’investit pour soutenir des solutions sur-mesure.
Pour autant, de nombreux demandeurs d’emploi vivent encore aujourd’hui dans des «zones blanches», où la dépendance automobile est forte et où les structures susceptibles d’apporter les réponses adéquates se font rares. Tout l’enjeu réside alors dans notre capacité à contribuer au développement de nouvelles solutions de mobilité solidaire, à parfaire l’implantation des opérateurs qui les portent et à sécuriser l’accès des plus vulnérables à cette offre de services.
La loi d’orientation des mobilités – parce qu’elle entend fédérer les collectivités territoriales, le service public de l’emploi, les acteurs de l’insertion sociale et les autorités organisatrices autour de cet enjeu commun – constitue un véritable levier pour développer de nouveaux services de mobilité « à caractère social ». Pôle emploi est prêt – aux côtés de ses partenaires – à prendre sa place dans cette dynamique, pour faire jouer à la mobilité son rôle de tremplin pour l’emploi et le développement des territoires.
